Le bouddhisme en Martinique au 19ème siècle

Du point de vue anthropologique, l’histoire du bouddhisme en Martinique est liée à celle l’hindouisme, car Siddhartha Gautama dans la religion hindoue est considéré comme la dernière et plus significative des avatars du dieu Vishnou . L’arrivée de l’hindouisme en Martinique est datée de manière précise, dans la période post-esclavagiste, avec l’arrivée des premières vagues migratoires de travailleurs du continent indien en 1853, et par conséquent avec leur religion – et il est établi que dans certaines traditions hindoues, Gautama Bouddha figure sur le panthéon des dix incarnations du dieu Vishno. Il n’existe donc pas de trace historique datant du 19ème siècle et relative à la pratique du bouddhisme en Martinique en tant que religion, même si on ne peut écarter que des rites aient pu être pratiqués dans le cadre de l’hindouisme autour du Dieu Vishnou.

 

Histoire et pratique du bouddhisme du Vajrayana en Martinique

Les premières heures

Dans les années 80 il y a eu des initiatives de personnes privées ayant pris l’attache de lamas vivant en France. Dans les récits et les interviews on retrouve le nom de lama Tempa qui a été invité en Martinique dans les années 80 pour dispenser des enseignements à un groupe de personnes intéressées par le dharma, issues de milieux divers, de la presse, des arts et de la culture.

En décembre 1997, le Lion’s club de Martinique a invité lama Djigmé de la lignée Kagyu à Fort de France pour une conférence publique qui s’est déroulée au Centre martiniquais d’animation culturelle (CMAC). L’évènement a drainé plusieurs centaines de personnes de toutes confessions.

Au  début des années 2000, on retrouve trace de la venue en Martinique d’un rinpoche d’une lignée non religieuse, le vénérable docteur Troganwa Rinpoche (1931-2005). Considéré comme l’un des plus grands pratiquants et enseignants de la médecine tibétaine et médecin personnel du Daïla lama. Il a été invité en Martinique par un groupe de médecins pratiquants de la médecine conventionnelle et s’intéressant à la médecine tibétaine. L’enjeu était de redonner vie à la faculté de médecine du Tibet et de contribuer à la conservation des plantes du Tibet.

Organisation et structuration.

 

Le début du 21ème siècle verra émerger la première sangha bouddhiste de tradition tibétaine, impulsée par trois pratiquants de longue date. Line Mercadal, Luc Bazely et Pierre Philis sont les pionniers de l’implantation d’un bouddhisme structuré dans le cadre d’une association cultuelle , dans la tradition d’un centre de pratique Kagyu Dakshang  Tcheu Ling (KDTL) dénommé Détchén Ling.

Une sangha se constitue avec des pratiquants assidus, dans une pratique hebdomadaire. Les premiers lamas de la lignée Kagyu sont venus régulièrement en Martinique pour dispenser des enseignements traditionnels (Tchenrezi, Manjusri, Amithaba, Tcheu etc..). Le premier d’entre eux, d’origine française fut Lama Sherab Namdreul, disciple de Kalou Rinpoché. Il avait reçu de lui la mission de structurer une sangha en France. Lama Sherab Namdreul dirige aujourd’hui le centre Yogi ling constitué d’un ermitage et d’une résidence pour les séniors du dharma, l’oasis de longue vie, situé dans le département de l’Allier en France. Un groupe de pratiquants de Martinique y a fait une retraite pour une initiation à la pratique de powa, dite de  « transfert de conscience au moment de la mort ». Lama Sherab dispense encore des enseignements en Martinique et encadre les pratiquants regroupés au sein de l’association Sahaja. Le second lama d’origine tibétaine qui a été invité à  dispenser des enseignements en Martinique est Lama Sherab Dordje. Il est connu en France, pour avoir fondé Kagyu-Ling sous la direction de Kyabdjé Kalou Rinpotché. Il a transformé le lieu qui devient le premier centre de retraites de l’occident. Entre 2000 et 2005, un autre lama originaire du Bhoutan a également assuré des enseignements en Martinique, il s’agit de Lama Seunam Tcheupel, disciple de Kalou Rinpoché, de tradition Kagyu et qui a assure la direction spirituelle du temple des Mille Bouddhas situé en Saône et Loire. Ce temple accueille chaque année plus de 6000 étudiants du dharma.

Le bouddhisme tibétain de nos jours en Martinique

Aujourd’hui une association cultuelle 1905 dénommée Sahaja, a pris le relais du KDTL Détchén Ling . Le Dharma est animé en Martinique par les pratiquants de la sangha Sahaja qui accueillent régulière des lamas en Martinique, pour des enseignements dispensés en français. Lama Tsultrim Guélek est l’un d’entre eux, disciple du Vénérable Kalou Rinpoché est un des lamas européens de la deuxième génération des lamas et qui a assuré et assure  des enseignements en français en Martinique au sein du centre d’études de l’association cultuelle Sahaja. Lama Tsultrim Guélek dirige en alsace, le centre monastique de Bodhicharya France, sous la direction spirituelle de Ringou Tulkou Rinpoché

Histoire et pratique du bouddhisme Mahayana en Martinique.

L’école de Nishiren Shosshu

Au début des années 80 on recense la présence en Martinique d’une des écoles du bouddhisme japonais, de la lignée de Nishiren Shosshu. Cette lignée aujourd’hui a cessé d’exister dans sa forme religieuse et une autre organisation laïque lui a succédé.

L’école sôtô de Dogen zenji.

L’histoire du bouddhisme zen en Martinique est liée à l’histoire d’un pratiquant qui a découvert le zen lors d’une retraite traditionnelle au Temple zen en France. Ce pratiquant de la première heure a suivi sa première retraite traditionnelle du bouddhisme zen sôtô en 2004 dans le cadre d’une sesshin dirigée par le maître zen Alain Tainan Liebmann au temple zen de la Gendronnière, l’un des premiers temples européens de l’école sôtô, situé dans le Val de Loire. Pour partager sa découverte, il a ensuite organisé la venue du premier maitre zen en Martinique. Une relation de « maître à disciple » s’est alors établie entre ce premier disciple, et un enseignant du zen, maître Kengan Denis Robert. Un cadre juridique a été mis en place pour organiser la première mission d’un maître zen en Martinique, en Mars 2006.Puis une première association bouddhiste a été créée en 2007, Denshinji Martinique- le Jardin de la vacuité., rattachée au temple de Denshinji à Blois en France. Elle est aujourd’hui inactive. A partir de cette date jusqu’en 2012, des retraites traditionnelles et des angos (longues retraites d’été) ont été organisées sous la direction spirituelle du maître zen Kengan Denis Robert, de la lignée du maitre zen japonais Shuyu Narita (1914-2004).

Le bouddhisme zen de nos jours en Martinique

Une deuxième association cultuelle a vu le jour en 2008 sous le nom d’association cultuelle bouddhique zen sôto de Martinique- Godaï-Ji. Elle fait partie du réseau des Dogen Sangha dans le monde, placées sous l’autorité spirituelle du Maitre zen Japonais Gudo Wafu Nishijima, décédé en 2014. Plusieurs enseignants de l’écôle sôtô se sont succédés en Martinique dans le cadre de cette sangha bouddhique. Outre le maître zen Jean Marc Tenruy Bazy, abbée du temple zen gudo-ji de Lyon, le maitre zen Christain Reiyu Payen ancien président du dojo zen de Paris et président de l’association zen Nuage et Eaux, ainsi que maître zen Nicole de Merkeline, ancienne disciple de Maitre Deshimaru, et Responsable de de la dogen sangha de Belgique viennent régulièrement en Martinique pour y dispenser des enseignements. Cette sangha dans un premier temps placée sous la direction spirituelle du maitre zen Jean marc Tenruy Bazy est depuis 2018, placée sous la direction spirituelle du maître zen Philippe Eison Boniface. D’origine martiniquaise, il a rencontré le bouddhisme en 1999, en auditeur libre des enseignements de Lama Tsultrim Guélek et de Lama Sherab Namdreul de la lignée Kaguypa avant de suivre les enseignements de maîtres zen de  l’écôle sôtô. Il est aujourd’hui de la 92ème génération des patriarches dans la succession du Bouddha Shakyamuni. Dans la tradition du bouddhisme mahayana et de l’école sôtô, cette 92ème génération constitue une lignée ininterrompue de la transmission de l’héritage spirituel du Bouddha Shakyamuni qui s’est faite d’homme à homme, par la certification du disciple par le maître depuis l’origine du Bouddhisme., il y a 2500 ans. Cet avènement est ensuite  formellement reconnu et certifiée par les pairs. On retrouve dans cette lignée, des maitres zen japonais, tel Zuigaku Rempō Niwa Zenji (1905-1993), qui a été supérieur du temple Eihei-ji, et Gudo Wafu Nishijima (1919-2014), fondateur des Dogen Sangha dans le monde entier et disciple de Kodo Sawaki (1880-1965).